No3 – Février 2024
Après la déception et les demandes de recul,
place aux contradictions
Les représentant∙e∙s du MSSS ont continuellement souligné, depuis l’an dernier, l’importance de maintenir le niveau de soins de santé offerts à la population par nos membres et ils ont encore la semaine dernière réitéré leurs demandes d’ajouts de contraintes à la prise des différents congés, dont les vacances, en soulignant l’importance de mieux planifier l’organisation des soins. Cela pouvait au moins vouloir dire que nos vis-à-vis prenaient la mesure de notre indispensable contribution aux soins prodigués à la population. Mais non… Ces mots n’étaient malheureusement que de la pure rhétorique en plus de confirmer leur apparente absence d’écoute quant aux objectifs derrière nos demandes.
Alors que les représentant∙e∙s du MSSS repoussent constamment leurs retours sur nos propositions monétaires et salariales, ils ont refusé catégoriquement, de façon surprenante et contradictoire lors de la séance de la semaine dernière, notre principale demande salariale. Rappelons que celle-ci consiste à comparer la rémunération des médecins résident·e·s avec celle des autres salarié·e·s de la santé, en tenant compte notamment des responsabilités respectives des différents groupes, de la scolarité exigée et du nombre d’heures de travail effectuées. Une telle démarche de comparatif salarial, objective et encadrée, existe déjà pour les différents groupes de salarié·e·s du secteur de la santé.
Mais afin de justifier leur nouveau et soudain refus de comparer notre rémunération avec d’autres salarié·e·s de la santé du Québec – tenez-vous bien – les représentant∙e∙s du MSSS se sont mis à énumérer une longue liste de ce que seraient pour eux des « privilèges » prévus à l’entente collective que nous serions chanceux d’avoir alors que nous ne serions, après tout, que des « apprenant·e·s ».
Et cette séance du 16 février, tenue à Québec, s’est terminée à 16h15 avec des représentant·e·s du MSSS qui n’ont pas voulu nous revenir sur des dépôts faits à la séance précédente en indiquant leur volonté de ne pas aborder les questions monétaires et salariales avant de revenir, encore, sur leurs demandes réitérées de contraintes pour la prise des congés, comme si leur intention était de bloquer la négociation sur ce point en litige…
Donc, si vous comprenez bien comme nous :
- Le MSSS prétend ne pas vouloir nous faire travailler plus, mais s’entête à maintenir des demandes qui auraient pour effet de limiter la prise de nos différents congés, dont les vacances annuelles;
- Le MSSS prétend ne pas vouloir parler de nos demandes salariales et monétaires avant de terminer les échanges sur les demandes sans incidence monétaire, mais ils viennent de refuser notre principale demande salariale;
- Le MSSS prétend que nous sommes des professionnel·le·s de la santé dont la prestation de soins importante ne peut absolument pas être revue à la baisse, lorsque c’est le temps de s’opposer à nos demandes d’aménagement des horaires et des gardes visant à diminuer nos importantes charges de travail tout en maintenant l’offre de service;
- Mais de l’autre côté, pour les représentants du MSSS, nous ne serions que des « apprenant·e·s » avec de supposés « privilèges », lorsque l’objectif est de s’opposer au fait de comparer notre rémunération avec celle des autres groupes de salarié·e·s de la santé.
Des discours contradictoires involontaires ou de la mauvaise foi ?
Nous nous garderons de trancher cette question à ce stade-ci, mais dans tous les cas, cela ne fait pas très sérieux…
Est-ce que les membres se sentent privilégié·e·s de pouvoir être contraint·e·s de travailler de jour, de soir et de nuit, au moins deux fins de semaine par mois et jusqu’à 19 jours d’affilée pour un salaire qui, ramené sur une base horaire, est largement en deçà de celui de tous les autres membres des équipes de soins ?
C’est la question que nous allons poser à l’Assemblée des délégué·e·s le 16 mars prochain, lors de la présentation d’un plan de mobilisation qui sera en conséquence du développement malheureux de notre négociation.
Une autre séance de négociation est prévue en début mars, mais nous avons désormais malheureusement peu d’espoir que la négociation se développe positivement sans un changement de cap important. Et ce changement ne viendra possiblement que si nos membres se font entendre comme les autres salarié·e·s du secteur public ont malheureusement dû le faire à l’automne dernier. Nous préfèrerions nous consacrer à notre résidence et continuer de prodiguer des soins dans nos milieux, mais force est de constater qu’au-delà des beaux discours de nos vis-à-vis sur la négociation dite « raisonnée », il nous faudra vraisemblablement trouver des moyens d’exprimer collectivement que la situation actuelle n’a rien de « raisonnable ».
À suivre!
Votre comité de négociation